Estime de soi et performances physiques

(FAMOSE, GUERIN, SARRAZIN 2005)

L’estime de soi et les perceptions de soi plus spécifiques à un domaine particulier ont des propriétés motivationnelles. Elles sont intimement liées aux choix réalisés, aux efforts fournis, au désir de s’engager ou au contraire de se retirer de différents contextes de vie. Ces motivations influencent les choix en matière de pratique sportive, le niveau d’engagement et les performances réalisées dans ce domaine.

  • La confiance en soi

Une expression utilisée fréquemment dans les milieux sportifs pour faire référence au sentiment d’espoir ou de crainte vis-à-vis des résultats futurs est celle de confiance en soi. Il s’agit d’une croyance quant à ses capacités à réussir une tâche ou à obtenir un résultat spécifique. Ce concept est omniprésent dans la littérature sportive. Mais comme pour tous les concepts utilisés dans le jargon sportif, il convient de s’interroger sur la réalité psychologique qu’ils recouvrent.

Les probabilités subjectives de réussir correspondent à la différence qui résulte de la comparaison entre un résultat désiré et le résultat anticipé par le pratiquant. Plus le résultat de cette comparaison est faible, plus le sujet a confiance en lui pour atteindre le résultat désiré. L’absence de confiance en soi, elle, entraîne le doute.

Par ailleurs, la confiance en soi fait penser à une prédisposition durable chez les sportifs, autrement dit un trait de leur personnalité. En effet, ceux qui sont au-dessus du lot sont véritablement sûrs d’eux-mêmes. Ce sont des personnes qui n’abandonnent jamais même quand ils perdent. Dans tous les cas, leur confiance en soi semble insensible aux circonstances. Les sportifs sûrs d’eux-mêmes pensent qu’ils peuvent réussir et ils y arrivent. Ils se distinguent généralement par la capacité de produire un dialogue interne, des images, et des rêves positifs. Ils s’imaginent eux-mêmes comme étant en train de gagner et de réussir. Ils se disent des choses positives et maximisent toujours leurs aptitudes. Ils se centrent sur leur maîtrise d’une tâche au lieu de s’inquiéter des conséquences négatives d’un échec. Ayant appris à avoir une vision optimiste des événements, ces sportifs sûrs d’eux-mêmes obtiennent le maximum de leur potentiel. Leur confiance les programme pour la haute performance. La confiance en soi semble donc être aussi bien un trait de personnalité qu’un état se manifestant par rapport à un événement particulier, influençable donc par la nature de la situation.

Concernant la performance, la confiance en soi détermine non seulement le choix des activités que l’on va entreprendre, la difficulté du but que l’on poursuit, mais également la quantité d’efforts dépensés et la persévérance dans l’activité. Quand le pratiquant pense avoir des chances de réussir, il se comporte avec assurance, garde son attention centrée sur la tâche et réagit positivement aux obstacles rencontrés en les considérant comme des défis et en cherchant à les surmonter. Doutant au contraire de ses probabilités de succès, le pratiquant détourne souvent son attention des aspects importants pour réussir la tâche, se livre à des considérations répétitives sur ses limites personnelles, conçoit les obstacles comme autant de preuves de son incapacité. Il trouve alors inutile la recherche des solutions et ressent progressivement de l’irritation, du stress, de l’impatience, jusqu’à se désengager complètement de la tâche.

  • La confiance en soi optimale

Dans certaines situations, une trop grande confiance en soi peut entraîner des comportements motivationnels non adaptés, et par la suite une mauvaise performance. Les sportifs ou élèves trop confiants en eux, sont confiants de manière irréaliste, car leur confiance est supérieure à ce que leur habilité le permet. Leurs performances déclinent car ils croient qu’ils ne doivent pas se préparer consciencieusement ou exercer l’effort nécessaire pour accomplir la tâche. Un excès de confiance entraîne souvent des résultats désastreux à cause de ce manque de préparation, du manque de concentration et d’investissement pendant le jeu, ce qui entraîne l’équipe ou le joueur à jouer en-dessous de son niveau habituel.

L’existence d’une diminution de la performance concomitante à un excès de confiance en soi débouche sur le concept de confiance en soi optimale. La performance augmente lorsque le niveau de confiance en soi augmente jusqu’à un point optimal au-delà duquel des augmentations supplémentaires dans la confiance produisent des diminutions correspondantes dans la performance.

La relation confiance en soi - Performance (D'après Weinberg & Gould, 1995)
  • L’importance de la valeur donnée aux aspects du Soi

« L’individu s’efforce d’exceller sur ce qu’il valorise et il valorise ce sur quoi il excelle»
(ROSENBERG, 1979)

La stratégie consiste à accorder une basse importance au domaine où l’on se sent déficient, autrement dit à le dévaloriser, et à accorder une haute importance à ceux susceptibles de produire une évaluation positive élevée. L’importance d’un domaine particulier du concept de soi est ainsi fondamentale pour la compréhension de l’estime de soi des élèves dans les situations d’activités physiques. Si les jeunes enfants peuvent attacher une importance différente aux principaux domaines du concept de soi, il n’en demeure pas moins que certains domaines ont, en général, une importance plus déterminante que d’autres pour l’estime de soi.

Une étude réalisée, auprès de 223 jeunes footballeurs de 12 à 16 ans en 1997 par Ommundsen et Vaglum, montre que l’influence de la compétence perçue en football sur l’estime de soi dans ce sport, dépendait de l’importance que revêtait pour les sujets le fait d’être compétent en football: plus les joueurs estimaient que le football était une activité importante dans leur vie, plus leur perception de compétence prédisait leur estime de soi. A l’inverse, le sentiment de compétence des joueurs qui ne considéraient pas cette activité comme importante était faiblement reliée à leur estime de soi. Plus les joueurs se sentent bons en un sport, plus ils ont tendance à trouver ce sport important et réciproquement. Les joueurs qui se sont sentis plus compétents entre le début et la fin de l’étude ont augmenté l’importance qu’ils ont accordé à l’activité durant cette période. Symétriquement, ceux dont la compétence perçue est devenue plus négative, ont clairement dévalorisé l’importance qu’ils accordaient à ce sport. Par ailleurs, les résultats ont montré que le sentiment de compétence prédisait l’abandon de l’activité: ceux à faible compétence perçue avaient tendance à se dégager de ce sport, quelle que soit l’importance qu’ils accordaient à ce dernier.

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