Les caractéristiques
d’une bonne estime de soi globale

(ANDRE, LELORD, 1999, 2006)

1. La hauteur

Une estime de soi modérée (ni trop haute pour se surestimer, ni trop basse pour se sous-estimer), est un bon critère pour accomplir de grandes choses et se sentir bien.

Rechercher à tout prix une haute estime de soi ne peut pas être un idéal. Une haute estime de soi peut rendre les personnes anxieuses, rigides, préoccupées de bien faire, perfectionnistes. Par besoin de tout contrôler, elle peut rendre impossible toute spontanéité et mettre la personne en échec à différents niveaux.

Une estime de soi modérée rend la personne capable :

  • de parler d’elle positivement sans vouloir attirer la sympathie ou l’amour
  • d’accepter les compliments sans gêne ni minimisation
  • d’entreprendre, persévérer et renoncer sans se sentir humiliée, ni se chercher des excuses
  • de ne pas se sentir obligée de se justifier face à ses échecs

2. La stabilité

La stabilité se mesure par la constance du comportement et du discours face aux revers et aux réussites.

La stabilité est la capacité à garder un équilibre face aux événements de la vie. C’est un amortisseur face aux réussites et approbations, ou aux critiques. La corrélation entre la hauteur et la stabilité de l’estime de soi produit une classification en quatre catégories.

Haute et stable

Les facteurs externes et les événements de la vie « normaux » ont peu d’influence sur l’estime de soi de la personne. Cette dernière ne consacre pas beaucoup de temps et d’énergie à la défense ou à la promotion de son image. Elle fera preuve de conviction en exprimant son point de vue. Une estime de soi haute et stable est solide, résistante. La personne ne remet pas sa valeur en question à chaque moment et peut accepter de ne pas contrôler totalement une situation sans se sentir inférieure ou diminuée.

Haute et instable

Les personnes qui ont une estime de soi haute et instable peuvent subir des atteintes importantes lorsqu’elles sont placées dans un contexte compétitif ou déstabilisant. Elles réagissent alors avec vigueur à la critique et à l’échec et pratiquent l’auto-promotion excessive de leurs succès ou qualités.

HAUTE ESTIME DE SOI STABLE HAUTE ESTIME DE SOI INSTABLE
Peu de fluctuations de l'estime de soi au quotidien Fluctuations importantes de l'estime de soi en réponse à des situations quotidiennes
Peu d'énergie consacrée à l'autopromotion Beaucoup d'énergie consacrée à l'autopromotion
Peu d'énergie consacrée à se défendre ou à se justifier des critiques ou échecs lorsqu'ils sont mineurs Beaucoup d'énergie consacrée à se défendre ou à se justifier des critiques ou échecs même s'ils sont mineurs
Écoute rationnelle des critiques Écoute émotionnelle des critiques
Basse et instable

Les personnes qui ont une estime de soi basse et instable sont sensibles et réactives aux événements extérieurs qu’ils soient positifs ou négatifs. Elles passent régulièrement, à la suite de succès et de satisfactions, par des phases d’estime de soi plus élevée qu’à l’habitude, qui redescendent peu après, quand de nouvelles difficultés apparaissent. Ces personnes font des efforts pour se donner à eux-mêmes et aux autres une meilleure image et améliorer leur condition et leurs états d’âme. Elles sont soucieuses de ne pas se trouver en échec ou rejetées et ont le triomphe modeste et la souffrance discrète.

Basse et stable

L’estime de soi est peu influencée par les événements extérieurs, même favorables. La personne consacre peu d’efforts à la promotion de son image et de son estime de soi, dont elle accepte et subit le bas niveau.

BASSE ESTIME DE SOI STABLE BASSE ESTIME DE SOI INSTABLE
Peu de fluctuations d'estime de soi au quotidien Fluctuations vers le haut possibles
États émotionnels régulièrement négatifs États émotionnels mixtes: négatifs mais avec des moments positifs
Peu d'efforts pour augmenter l'estime de soi Efforts pour augmenter l'estime de soi
Impact émotionnel du feed-back, mais peu de conséquences comportementales Impact émotionnel du feed-back, et conséquences comportementales d'ajustement
Conviction de l'inutilité de la poursuite d'objectifs personnels Désirabilité sociale détournant des intérêts personnels

3. L’harmonie

L’estime de soi devrait s’exprimer par la diversité des investissements.

Dans notre société, le culte de l’excellence pousse les personnes à s’investir dans un domaine particulier (travail, école, sport…). Elles peuvent se retrouver en échec dans ce domaine et être alors très vulnérables. L’estime de soi devrait s’exprimer dans une grande variété de domaines tels que l’apparence physique, l'école, l'art, le sport, l’activité manuelle, la sociabilité, le service aux autres, les activités domestiques…

4. L’autonomie

C’est la capacité de supporter le rejet ou le désaveu en terme de reconnaissance sociale.

Investir son estime de soi sur des valeurs internes (gentillesse, serviabilité, humour, solidarité, honnêteté…) semble conférer aux personnes plus de résistance face aux pressions sociales que l’investir dans des facteurs externes (réussite sociale, aspect physique, biens matériels …). Ces valeurs internes sont moins dépendantes de la mode, du bourrage de crâne de la société de consommation, de ce qu’il faut être, avoir ou faire pour être estimé des autres.

5. L’énergie

Une estime de soi économe en énergie fait preuve d’une capacité à accueillir tranquillement les critiques plutôt que vouloir les éviter.

Pour se maintenir à niveau, l’estime de soi demande des stratégies de maintien, de développement et de protection. Certaines personnes dépensent une très grande énergie pour maintenir leur estime de soi à un niveau acceptable: déni de la réalité, agressivité, fuite, évitement… Une estime de soi économe se reconnaît par un faible niveau de stress, le peu de tensions ressenties et perceptibles de l’extérieur, lors de réponses aux critiques, aux remises en question.

6. Place de l’estime de soi dans sa vie

Un juste équilibre entre ce que les autres pensent de moi et ce que je pense de moi-même.

Certaines personnes donnent une place centrale aux jugements d’autrui, à leur image extérieure, à l’opinion des autres sur elles. Cela entraîne un sentiment d’anxiété dès qu’on parle d’elles, dès qu’elles sont évaluées.

Ce chapitre est largement inspiré d’un document de formation du SEPTSJ (BIVER, 2012)

imprimer